Marre des Réseaux Sociaux ? Essayez le chant choral !

Marre des Réseaux Sociaux ? Essayez le chant choral !

Publié sur France Musique en 2016.

En ce début d’année, on a souvent tendance à prendre de bonnes résolutions. Et si l’une d’elles était : décrocher des réseaux sociaux et chercher des amis ? Une étude britannique sur le rôle du chant choral dans la création du lien social pourrait mettre la puce à l’oreille…

Chanter en passant l’aspirateur, en cuisinant, au volant de sa voiture ou sous la douche vous fait du bien et vous projetez de rejoindre une chorale pour partager votre joie avec d’autres chanteurs du dimanche ? Rien d’étonnant, vous êtes loin d’être le seul : selon les statistiques du rapport « Singing Europe » publié en décembre sur les pratiques du chant choral en Europe, 4,5% d’Européens font partie d’une chorale, soit 22,5 millions de chanteurs répartis sur 28 pays. La France, avec 4% de choristes, se situe plutôt en bas du classement européen, avec, en tête, l’Autriche (11%), les Pays-Bas (10%) et la Slovénie (8%).

Qu’est-ce qui rend le chant choral si populaire parmi les Européens ? Première raison : une pratique musicale accessible à tous. Mais encore ? Une récente étude publiée par la Royal Society Open Science intitulée « The ice-breaker effect : singing mediates fast social bonding » stipule que le chant choral arrive à « briser la glace » pour créer du lien entre les participants beaucoup plus rapidement que n’importe quelle autre activité de groupe.

La question qui s’est posée pour Eiluned Pearce, Jacques Launay et Robin I. M. Dunbar, chercheurs au Département de psychologie expérimentale de l’Université d’Oxford, était de savoir si l’effet « brise-glace » du chant choral relève du chant en lui-même, ou s’il est intrinsèque à n’importe quelle autre activité de groupe qui permet de nouer des liens sociaux.

Pendant sept mois, les chercheurs ont observé les groupes d’adultes âgés de 18 à 83 ans, formés en majorité de femmes, qui suivaient une fois par semaine les cours de chant choral, d’écriture créative et d’art plastique. Les participants ne se connaissaient pas avant l’expérience.

« Nous avons collecté les donnés à trois reprises : au bout d’un mois, de trois mois et au bout de sept mois. A chaque fois nous avons demandé aux participants d’évaluer à quel point ils se sentaient proches de leur groupe, avant et après leur cours. Cela nous a permis de tester l’hypothèse selon laquelle les chanteurs, comparés aux non-chanteurs, se sentiraient plus proches de leur groupe à la fois après chaque cours, et au bout de sept mois passés ensemble. Nous avons également testé si les chanteurs éprouvaient un regain important d’émotions positives après le cours en comparaison avec les non-chanteurs, et en dernier, si les chanteurs montraient une tolérance accrue à la douleur, une mesure indirecte indiquant la production de l’endorphine dans l’organisme. »

Tous au diapason

Si vous vous êtes déjà demandé après coup pourquoi vous avez joyeusement enlacé votre voisin en plein match de foot, en s’époumonant « On est les champions, on est les champions », notre étude est là pour vous rassurer.

Comme le prouvent les chercheurs, le chant choral agit à plusieurs niveaux liés à la socialisation : une telle activité synchrone exige la coordination, et donc l’interaction, et augmente le comportement pro-social et le sentiment d’affiliation (d’où les embrassades entre de parfaits inconnus dans un stade, par exemple). En l’occurrence, les participants choristes à l’étude citée ont témoigné de plus d’attachement au groupe que les non-choristes. Ceci est dû, estiment les chercheurs, au fait que l’interaction prolongée compense le manque de familiarité entre les participants et provoque une cohésion du groupe plus rapide.

Mais ceci n’est pas tout, loin s’en faut. Pour revenir aux embrassades, le nerf de la guerre se situe dans notre système hormonal : les chercheurs ont mesuré à la fois le regain des sentiments positifs et la tolérance à la douleur, indicateurs de la production augmentée de deux hormones de plaisir : de l’endorphine et de l’ocytocine. Les deux sont impliquées dans l’attachement et le sentiment de bien-être dans les relations sociales, entre mère et enfant, par exemple, ou entre amants. L’endorphine est également associée aux efforts physiques dans un contexte social, comme par exemple la danse ou le rire, et comme le chant choral est une activité synchrone au niveau du rythme cardiaque et de la respiration, de la coordination temporelle et de la justesse musicale, elle crée des conditions favorables pour une sécrétion augmentée d’endorphine, argumentent les chercheurs.

« En plus, il est notoire que le chant est libérateur et énergisant, et tous les participants nous ont affirmé qu’ils se sentaient beaucoup mieux après le cours, et de mieux en mieux au fil des mois. »

Maintenant que vous avez théorisé votre démarche, il ne vous reste qu’à choisir parmi les quelques 10 000 chorales répertoriées en France pour en trouver une dans votre quartier. Et à travailler vos vocalises, bien sûr. Vous aurez plein d’occasions de pousser la chansonnette après cette période de fêtes.

Ne cherchez plus, et venez rejoindre le CHŒUR D’HOMMES D’ALSACE BOSSUE.

À propos de l’auteur

Christian editor

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